PATRIZIA RUNFOLA "Leçons de Ténèbres"

D'après le livre de PATRIZIA RUNFOLA     Sept ensembles de 4 images. Chaque ensemble mesure 75 x 90 cm.    Photomontages numériques, palette graphique, dessin, tirages par jets d‘encres aux pigments . 02 - 2007.Après la publication en 2006, chez Hazan, de son ouvrage, intitulé « Le Noir « , Gérard-Georges Lemaire, a conçu une exposition, sur le thème du noir, divisée en trois sections. L’une d’entre elles, s’intitule « les ténèbres ». Le thème en est le livre de Patrizia Runfola, « Leçons de Ténèbres », traduit par Gérard-Georges Lemaire, paru en 2002, aux éditions La Différence. C’est à cette section, que j’ai été invité à participer. Une lecture attentive du livre, m’a fait percevoir des images qui se chevauchaient, dans une profusion de sentiments exacerbés, et de références à l’histoire de l’art ; Il y avait une profonde nostalgie, comme si l’auteur savait sa vie courte, et que ce torrent de tableaux vivants, lui servait de talisman ou de viatique. Par moment j’ai cru entendre la véhémence de Lautréamont, ou les plaintes de Maurice de Guérin. A partir de pages de notes écrites, j’ai retenu sept passages, visuellement très chargés. Comme je travaillais sur l’œuvre de Kafka depuis trois ans, et qu’à cette occasion j’avais intégré du texte dans la plupart de mes œuvres, j’ai tout naturellement continué, en respectant scrupuleusement ce qui était écrit. La technique est celle que j’utilise depuis plusieurs années : le photomontage numérique, réalisé sur palette graphique, rehaussé de dessin, puis imprimé par jets d’encres aux pigments. Les situations décrites embrasaient de tels horizons, qu’il m’a fallu procéder à une vaste chasse aux documents. Je l’avais déjà largement pratiqué pour Kafka. J’ai commencé par solliciter les amis, et je leur ai emprunté chapeau, mallette, et d’innombrables accessoires, que pour certains, j’ai photographié chez eux. Ce n’était pas suffisant. Des instruments médicaux anciens étaient nécessaires pour le second ensemble. Un ami médecin m’a obtenu de pouvoir photographier les réserves du Musée de la Médecine. Comme il me fallait des lunettes astronomiques, pour l’ensemble numéro 3, j’ai obtenu de pouvoir photographier les télescopes de l’observatoire de Toulouse Jolimont. Toujours pour ce troisième ensemble, c’est au grand cimetière de Toulouse que j’ai trouvé les statues et le caveau. Les cadres et tableaux anciens, furent l’objet d’une vaste campagne de photos au Musée des Augustins. Pour le septième, j’ai utilisé des clichés réalisés à Barcelone, à la Fondation Miro. Il y a encore eu le Musée du textile de Labastide Rouairoux, la mer et les roseaux près de Narbonne, des images d’archives… et la prestation d’une amie qui avait déjà tenu un rôle dans le film, Kafka « description d’un Combat ». C’est à ce moment qu’a commencé un très long travail d’assemblage. La contrainte, et la richesse du texte, m’a poussé à imaginer des équivalents métaphoriques, à inventer des rapprochements, des télescopages, à modifier couleurs, contrastes saturations… j’ai écouté les enregistrements des principales œuvres musicales portant le nom de « Leçons de ténèbres », se fondant sur les lamentations de Jérémie, en particulier celle de François Couperin, et j’ai trouvé au Musée d’Art Campanaire de L’Isle Jourdain, une sorte de grosse crécelle sur pied, utilisée au moment de Pâques, quand les cloches sont parties, et nommée instrument des ténèbres. Je l’ai utilisée dans le premier ensemble....