KAFKA « LE SOUCI DU PERE DE FAMILLE », l’Odradek. 18 images 30 x x40. Photomontages numériques. Impressions jet d’encres aux pigments. Novembre 2007. « A première vue, l’Odradek ressemble à une bobine de fil plate en forme d’étoile… ce ne sont probablement que de vieux bouts de fils cassés » « Il ne fait de mal à personne, manifestement, mais l’idée qu’il pourrait aussi être destiné à me survivre, m’est presque douloureuse. » Ce texte énigmatique, est celui qui a suscité le plus grand nombre d’interprétations. Le support en forme d’étoile, a été perçu par certains, comme une référence au sort des Juifs. Une autre interprétation y voit le découragement de l’écrivain qui traîne comme un boulet, ses écrits ratés ( croit-il) . Il est certain que Kafka a beaucoup réfléchi et donc beaucoup écrit, sur la condition de l’écrivain, sur ses misères. L’analyse qui a le plus retenu notre attention, est celle de Walter Benjamin, qui dit que l’Odradek est la forme que prennent les choses tombées dans l’oubli ; elle sont déplacées, obsolètes, elles gênent et nous donnent mauvaise conscience. On pourrait ajouter qu’Odradek ne meurt pas, s’attache à une maison, se maintient, un peu inquiétant, accroché à la descendance. En fait, c’est un objet interprété tant bien que mal, qui a servi de support aux photographies. Le récit se déroule entièrement en « intérieur »..C’est le parti que j’ai choisi, en situant l’inoffensif troublion, du grenier au sous sol d’ une maison cossue. Il vient même se percher dans le dos des deux artistes, au travail devant les écrans. Jordi a fabriqué lui aussi son Odradek, qui s’est aussitôt échappé dans son escalier, et qui en a profité pour aller se cacher dehors, en « extérieur », dans des lieux stratégiques de Prague. Comme toujours, la recherche de documents a pris des allures de chasse au trésor, à travers des revues des années 20 ou 30, des collections de photos,. Mais l’Odradek, en fin de compte, reste insaisissable.
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