Dans le prolongement du travail intitulé " Dans la nuit de Mado", j’ai proposé à quelques personnes voyantes, de se livrer au même exercice : dessiner les yeux bandés nos corps nus, à partir du toucher, de face, de dos et de profil. La consigne consistait à dessiner le plus exactement possible ce qu'elles percevaient ( reliefs, formes, bosses, creux, texture de la peau…) sans chercher à "arranger" le dessin.. Les lettres qui accompagnent ces images ( ex: C > D > COMPOSITION 1 ), désignent par l’initiale de leur prénom, les différentes personnes ayant participé à ce travail. Les dessins, tracés sur 2 feuilles A4 juxtaposées en hauteur , furent numérisés, puis agrandis au format total 30 x 80. En accord avec mes ami(e)s, je me suis emparé de leurs dessins, pour les interprêter comme le ferait un musicien d’une partition, cherchant à l’aide des mises en page et du jeu des couleurs, à traduire les perceptions des dessinateurs et ma propre perception de leur travail. En assumant ces choix plastiques, je reste fidèle au texte de Diderot “ Lettres sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient”. Mais si en effet, ce travail s’adresse aux voyants, il émane au départ de Mado, de sa cécité qu’elle nous a permis d’aborder non par la médicalisation ou la compassion, mais par une activité d’expression qui nous a conduits à découvrir la convergence des perceptions par le toucher, entre voyants et non voyants. A ce jour, j'ai réalisé environ160 images sur ce thème, qui trouve sa suite dans une nouvelle série qui intègre la photographie.
11 -2010