Travaux

ROSA NEGRA

ROSA NEGRA, inscription à la peinture noire, sur une porte dans un village en Espagne, dans l'Aragon.
ITINERAIRE & GENESE D'UNE OEUVRE
 
LE VOYAGE FORME LA GENÈSE
 
A la suite d'un long voyage et d'une exposition en Colombie, de toute évidence il fallait faire peau neuve. Tout le travail figuratif de ces dix dernières années paraissait insupportable. Il fut donc détruit, en ne conservant que ce qui pouvait être réutilisé. Plusieurs chocs visuels se sont alors rapidement succédés. 
 
Au printemps 1989, en visitant une exposition d'Art Africain, un masque Dogon s'est imposé par sa sobriété de composition et plus encore par la force lumineuse de ses couleurs: du noir, du blanc, et des traces de bleu outremer, soulignées d'ocre rouge. Un ensemble de quatre petits triptyques en est sorti, peinture rapide et onctueuse, travaillée à plat, saupoudrée de pigments.
Au début de l'été 89, la participation à une manifestation collective consacrée au Bicentenaire de la Révolution, à vu  s'assombrir la palette jubilatoire issue des Dogons; des coulures noires, des projections de rouge et de vert, des épaisseurs de brun, ont accaparé des espaces carrés de 2m x 2m, où le geste se développait dans une intention plutôt lyrique, en contradiction  voulue avec un évident désir de structure. 
Au plus fort des chaleurs, un voyage en Espagne du Nord, le long du chemin de Saint Jacques de Compostelle, entre Saragosse et Burgos, s'est révélé être comme un coup de poing dans l'atelier et dans la tête du peintre
 
Les contradictions, les conflits s'étalaient au grand jour: aridité des paysages désertiques, brûlés par un soleil blanc, luxe sanglant des rétables dressés dans d'immenses églises vides, froides et sombres, luttes barbares entre Orient et Occident, entre religions, apologie d'une foi exclusive et meurtrissante ... Renoncer encore à la figuration fixant trop les formes comme autant d'épisodes, au profit de signes tels que triangle-verrou, rectangle-retable, et le noir et le rouge de l'obscurante Inquisition. 
Autant que des souvenirs, ce sont des sacs de terre qui furent rapportés de ce voyage, terre tantôt ocre, tantôt rouge sombre, violacée, ou ombrée, ou oxydée. Cette terre, pulvérisée, mélangée à la peinture, a agrippé la  surface de la toile, la couvrant d'une croûte boursoufflée. 
L'abandon des pinceaux, remplacés par des couteaux, des spatules, des racloirs, et l'usage de toiles tendues comme des bâches, sur des montants gris, a souligné le désir de rester au plus près du thème. Celui-ci n'est pas pris au sens de sujet reconnaissable; c'est une réflexion qui se prolonge, sur la peur de l'oppression tant physique que morale. 
Un autre voyage dans la même région d'Espagne, a donné naissance, en 1990, à un ensemble de 45 travaux, sur papier et sur toile, intitulés "Rosa Negra". Ces mots étaient tracés maladroitement, au goudron, sur une  vieille porte blanchâtre, dans un village désert. C'est devenu le thème du passage et de l'obstacle, de l'interdit et du possible, du montré et du caché, de la liberté toujours entraperçue. 
Au printemps de 1991, la Castille est devenue le sujet de 9 peintures de lm x lm. Avec un discret retour à la couleur, ce devait être une sorte d'étape de décompression, rendue nécessaire  après deux ans passés à triturer le noir, à écraser le rouge dans de la terre violacée. Cette "respiration" relative, a en fait été l'occasion d'une épuisante course poursuite: sitôt la neuvième toile terminée, il a fallu reprendre entièrement les précédentes. Et ainsi de suite à trois reprises. Ce qui devait être une pause, devenait un dur labeur sur le sens profond de ce qu'on nomme, la matière. Non pas celle qui relève d'un effet de style recherché, d'une manière consciente, mais celle qui se forme lentement par sédimentation des doutes successifs, par une stratification des expériences; ce sont les stigmates de cette longue et fougueuse maturation. 
Enfin s'achève actuellement “Aragon": huit peintures de lm x lm50, les premières toiles horizontales depuis des années. Dans chacune, deux carrés s'affrontent, séparés par une masse dressée. On peut y voir une interrogation sur la notion de répétition, de cheminement, de marche scandée. 
Mais au-delà de ce qui se voit attribuer un nom, une référence géographique ou historique, depuis la première toile du printemps 89, ce qui importe, c'est de saisir à la gorge cette ombre qui vient toujours recouvrir ce qu'on croit distinguer de la liberté. 
Peindre devient un parcours tâtonnant dans un labyrinthe qui s'étend au-delà de l'horizon, plus loin que le visible. La peinture libère-t-elle ? Peut-on s'en libérer ? 
 
Claude JEANMART
 Toulouse, le 10 Mai 1991
 
 
ROSA NEGRA 25acrylique et terres sur toile200 x 2009  90
ROSA NEGRA 44acrylique et terres sur toile200 x 13511  90
ROSA NEGRA 43acrylique et terres sur toile200 x 13511  90
CASTILLE 2acrylique sur toile100 x 10012  90
ROSA NEGRA 21100 x 100terre, pigments, acrylique sur toile9  90
ROSA NEGRA 22100 x 100terre, pigments, acrylique sur toile1  93
ROSA NEGRA 23100 x 100terre, pigments, acrylique sur toile9  90
ROSA NEGRA 1550 x 658  90collection particulière
ROSA NEGRA 1950 x 658  90
ROSA NEGRA8 - 19902065 x 50
ROSA NEGRA  32 4 - 10 - 199065 x 50
ROSA NEGRA 3-10-90=29.jpg
ROSA NEGRA 4-10-90=31.jpg
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ROSA NEGRA    334 - 10 - 199065 x 50
ROSA NEGRA   13 8 - 199065 x 50
ROSA NEGRA   168 - 199065 x 50
ROSA NEGRA   18 8 -199065 x 50
ROSA NEGRA   4 8 - 199065 x 50
ROSA NEGRA   215 - 1 - 199065 x 50
ROSA NEGRA    09 8 - 199065 x 50
ROSA NEGRA   318 - 1 - 199065 x 50
ROSA NEGRA    3411 - 10 - 199065 x 50
ROSA NEGRA    3714 - 10 - 199065 x 50
ROSA NEGRA   4017 - 10 - 199065 x 50
ROSA NEGRA    3916 - 10 - 9065 x 50
ROSA NEGRA    42 17 - 10 - 199065 x 50