Après le travail intitulé " Dans la nuit de Mado", j'ai donc poursuivi la galerie de portraits. Chaque portrait terminé, j'enregistre les impressions du dessinateur. Mado s'est dite surprise par la diversité des formes, des volumes, et par l'émotion forte ressentie pendant le travail. Pour Robert, aveugle de naissance, l’expérience lui occasionna, la première fois, de forts tremblements. Commune aux aveugles de naissance, l'impossibilité d'exprimer la perspective par les conventions du dessin l’a conduit à aligner une nomenclature faite des éléments de mon visage, la première fois à l'horizontale, et la seconde fois à la verticale. Régina, voyante mais mal entendante, avait une pratique de la peinture et du dessin. Cependant elle fut très surprise du résultat. Elle a dessiné le contour, mais malgré ses efforts, les éléments internes, yeux, bouche, nez se sont trouvés éparpillés, en dehors . J'ai continué alors, avec un autre dispositif: la feuille de papier était remplacée par une tablette graphique, reliée à un ordinateur. Des spectateurs pouvaient suivre l'évolution du dessin, par projection sur un grand écran, tandis que la séquence était enregistrée, en un film qui évoluait au fur et à mesure des enregistrements. Si les amis habitués à dessiner, ont éprouvé des difficultés à ne pas déborder de la "page", les élèves ingénieurs de l’INSA ont choisi spontanément de se "réfugier" au centre de la palette, réalisant de très petits dessins, sans éviter la dispersion des différentes parties du visage. Chacun dans son commentaire, a exprimé sa surprise des difficultés rencontrées, et la force de la relation humaine éprouvée.
2009