Travaux

PARALLÉLISME "OMBRES"

OMBRES
PARALLELISME
11 pièces, des n° 38 à 49, pour un total de 39 formats 30 x 40 cm
année 2004 / photos, collages, coloriages, montages numériques

L’intense échange d’idées et de choix plastiques impulsés par l’aventure artistique vécue en commun avec Jordi Cerda, « Parallélisme », venait de trouver une première conclusion dans le superbe espace de la Caixa de Vinaros, en Espagne, à l’extrême sud de la Catalogne.
Nous y avions installé près de 85 formats 30 x 40 cm, en mettant en dialogue, les différents thèmes abordés : l’histoire de l’art, le corps de la femme, le paysage…Il restait une pièce, composée de quatre images et intitulée « Ombres ». Elle constituait un thème à elle seule. Nous l’avions accrochée en dernier lieu, pour clore l’exposition. Au moment du décrochage nous avons spontanément eu envie de continuer ce travail de l’ombre.
L’ombre d’un sujet est-t-elle moins vraie que le sujet lui même ? L’ombre n’est-t-elle pas ce qui souligne les formes et les volumes, et permet une meilleure lecture du sujet ? Les déformations de l’ombre ne révèlent-t-elles pas un aspect ignoré du sujet ? L’ombre ne favorise-t-elle pas une échappée, hors des limites du sujet ?
Il fut convenu que Jordi me ferait parvenir quatre premières questions « d’ombres », auxquelles j’apporterais mes « réponses », avant de poursuivre le travail.
La première image choisie pour constituer la pièce n° 47, représentait une muraille, photocopie colorisée par Jordi. Je venais de feuilleter le « remake » de la bande dessinée, « Blake et Mortimer ». J’imaginais de me faire photographier, déguisé en homme à l’imperméable, et j’incluais ces photos minuscules dans trois formats, en multipliant, en renversant, en étirant, des copies numériques du fragment initial de muraille. L’ombre induit facilement un aspect fantastique, et j’en ai usé comme dans les films d’épouvante, où l’ombre qui bouge, annonce l’inexorable.
L’image de base de la pièce n° 48 , représentait un dispositif utilisé au XVIII° siècle, pour permettre aux artistes de dessiner rapidement les contours d’un visage ou d’une silhouette, sur un écran, en ombre chinoise. J’ai encadré le document d’époque, retravaillé et colorisé par Jordi, par deux faux documents. A gauche le modèle est habillé, mais son ombre est nue. A droite, le modèle est nu mais son ombre est habillée, tandis que la chandelle projette… des ombres.
L’ombre de la Tour Eiffel, de la pièce n° 49, m’intrigua beaucoup. Cette image en noir et blanc, l’architecture datée du Palais de Chaillot, me donnèrent envie de feuilleter une importante réserve d’anciennes illustrations de « La Documentation Française », à l’usage des enseignants, où je découvris une photo de la première antenne de télévision installée en haut de la Tour Eiffel ! Un livre sur la « Nouvelle Objectivité » en Allemagne entre les deux guerres, et un ouvrage consacré au peintre Tamara de Lempicka, me donnèrent la tonalité de cette pièce, où l’on peut distinguer un véritable patchwork d’éléments disparates, assemblés, mélangés sur la palette graphique numérique. Tous les éléments sont vrais, les ombres sont soigneusement calculées, mais l’ensemble est tout simplement impossible.
Restait, pour la pièce n° 46, Francis Bacon photographiant, à côté du paysage peint par Jordi sur un miroir.
Bacon, ou son double en peinture, tenait son appareil comme une arme. Je devais riposter. Pour cela je me suis fait photographier ( toujours par Denise ), en ombre, une puissant téléobjectif à la main, dans l’imperméable de « Blake et Mortimer ».Le paysage peint en Rouge, Vert et Bleu, me tendait une perche généreuse, pour inclure dans les ombres, des vignettes en RVB, aux couleurs de la synthèse additive, propres aux images numériques.
Ainsi à respectueuse distance du Bacon menaçant, je restais sur le qui vive ! A mon tour j’ai envoyé à Jordi une profusion d’images numériques, chargées d’ombres, dans lesquelles il fit ses choix. J’attendis avec impatience ses retours liftés, ses volées, ses smatches. 
A l’issue d’une rencontre à Perpignan, à mi distance de chez chacun d’entre nous, nous ne pûmes contenir davantage notre impatience, et il fallu étaler sur les tables d’un restaurant, tout ce que chacun avait préparé dans son coin. Les découvertes furent ponctuées d’exclamations, de rires enthousiastes, et aussitôt de nouveaux projets furent évoqués.
Ce partage, cet échange, ce respect de la différence de l’autre, nous poussent à chercher le sens de la création ; inscrits dans notre époque, nous sommes peu soucieux des modes éphémères, et des réussites marketing. 
« Parallélisme » est un cheminement fait de confrontations affirmées et de comparaisons confiantes.
Claude Jeanmart
08 – 10 - 2005
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