suite de 16 images en hauteur au format 30 x 40 cm.Photo montages numériques, dessin, impression par jet d’encres aux pigments, sur des transparents superposés.
Quand ma lente lecture du « Château »a pris fin, je m’étais habitué à la neige, aux vieilles maisons, à leurs occupants affairés me rappelant’ les paysages de Hruba Skala, ou les journées d’hiver, au bord de la baltique. Aujourd’hui, l’énorme château qui domine Prague, et dont on entrevoit les masses depuis le Pont Saint Charles nous renvoie au souvenir de l’oeuvre de Kafka.Des bribes de textes sont arrachés de la bouche des protagonistes. Et ce que dit Amalia est tout autant terrible de vérité désespérée, que de lucidité visionnaire. Pour approcher ce tourbillon de passions, cette giclure de sentiments violents qui s’entremêlent, j’ai choisi,de superposer en les imprimant sur des rhodoïdes transparents, des images, capturées par les outils numériques, à toutes sortes de sources. … Sous les transparences se trouve un fond opaque, blanc, porteur lui-même d’une impression. Ce fond reçoit toujours un travail graphique, réalisé à la plume et à l’encre de chine, enfoui sous plusieurs épaisseurs de rhodoïde, parfois à peine visible, mais destiné à souligner, à altérer, à violenter, certaines surfaces de la composition.Les textes, inscrits dans l’ordre chronologique, viennent en contrepoint discret organiser le récit jusqu’à cette fin impensable, jusqu’à ces derniers mots du « Château » : « on avait du mal à la comprendre, mais ce qu’elle dit ». Les mots s’arrêtent brutalement, comme parfois la vie.Le caractère intemporel et donc parfaitement d’actualité, de l’œuvre de Kafka, m’a conduit à choisir des documents de plusieurs époques des 19° et 20° siècles, en de multiples lieux, et de différentes situations sociales et humaines.La fragilité des supports transparents superposés, la brouille visuelle que leur lecture entraîne, la force inexorable des fragments de textes, se sont additionnés dans ces seize planches, au format 30 x 40 en hauteur, pour créer un chaos accompagné d’une rumeur lointaine, comme une menace qui nous guette. Claude JEANMART Octobre 2005
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