PICTURA
14 toiles en 2 éléments : une toile de 1 x 1m, surmontée d’une autre, centrée, de 50 x 50cm
et 42 peintures sur papier au format 50 x 65 cm, en hauteur
du 5-11-2002 au 30-07-2003
acrylique, terres, marbre en poudre, chaux, pigments, fusain…
En Novembre 2002, après la longue période de deux années pendant lesquelles j’avais tenté d’épuiser le thème de « Rémanences « , des images récurrentes qui surgissent quand on songe à certaines époques, à certaines cultures, à quelques voyages, et bien avant cela, suite à plusieurs périodes lourdes en investigations personnelles ( « Rupture », « Périple »… ), j’avais besoin d’une période plus calme, je souhaitais retrouver dans la peinture un bonheur simple et tonique. Depuis plus de 30 ans, je consacre une ou deux soirées par mois, à dessiner d’après modèle vivant, au sein d’un groupe d’amis artistes. A la fin de l’année 2002, nous avions expérimenté diverses situations plastiques : dessiner une partie du temps dans l’obscurité, dessiner les ombres des modèles, travailler de très près le détail, ou encore relever des informations tactiles C’est de ces expérimentations que la série « Pictura » est issue : rien que de la peinture me disais-je. Dans la série précédente, « Remanences », j’avais largement joué de la construction de toutes sortes de formats, par l’assemblage de carrés de 1 x 1 m, et de carrés de 50 x 50 cm.
Si la première toile bleue de « Pictura », joue encore de la sorte, avec un carré de 1 x 1 m et deux carrés de 50 x 50 cm, c’est qu’elle assure la transition avec « Remanences ». De la deuxième à la quatorzième toile, le format se fixe à un grand carré surmonté d’un petit carré, centré. Ce format non usuel, permettait comme je le faisais depuis plusieurs années, de promener l’œil du spectateur et de le faire sortir des limites habituelles du cadre, ou de la toile rectangulaire ; ne pas tout montrer pour, pour encourager à imaginer, à prolonger la proposition.
J’ai tout d’abord consulté une grande quantité de dessins, pour y puiser des éléments afin d’entamer la première toile. Très intéressé par les cinéastes Scandinaves, adeptes du « Dogme », réalisant moi-même des films en vidéo, dont quatre courts métrages, sur le thème du corps ( la série « Corpus »), en relation avec une compagnie de danse contemporaine, je me suis fabriqué mon petit dogme. Ces toiles seraient toutes du même format, les matériaux utilisés, très frustres, seraient semblables ( acrylique, terres, chaux, poudre de marbre, pigments, fusain ), il n’y aurait qu’une seule couleur par toile, le dessin y serait assuré par de très gros fusains ( des planchettes d’aulnes ), et la référence à un seul dessin, s’y retrouverait. J’avais déjà en partie exploré cette situation plastique avec « Remanences », mais pour « Pictura » j’avais choisi de m’en tenir rigoureusement à ce principe, pour mieux me concentrer sur la totale jubilation de peindre.
La première toile achevée, j’ai aussitôt éprouvé la nécessité de la prolonger, en réalisant trois peintures sur papier, au format 50 x 65 cm en hauteur, avec les mêmes principes et les mêmes techniques. Mais au fur et à mesure de l’avancement de ces travaux sur un épais papier à grain, je me suis rendu compte que je devais retravailler la toile. Et ce fut un va et vient incessant, entre toiles et papiers, les découvertes de l’une réutilisées dans les autres et réciproquement.
Ce jeu de réciprocité devint particulièrement stimulant, d’autant plus qu’entre temps, j’avais décidé d’orienter les séances de dessins, de façon à fournir aux toiles de « Pictura », des images de référence, des idées de mise en page, des formes induites en partie par le hasard du travail dans le noir, ou les yeux fermés.
Mais une constatation, très vite, vint modifier ce qui était en cours. Si j’utilisais sur les papiers
les mêmes outils que sur les toiles, en particulier les mêmes gros fusains, le format presque quatre fois plus petit, donnait aux traits noirs, une force, une présence bien supérieure............