REMANENCE 2001 - 2002
Des images de voyages, des peintures confusément oubliées, une coulée rougeâtre sur un chapiteau couvert d’ombre, une cascade de sculpture blanchâtre encadrée d’une monstrueuse colonnade, des cryptes Mérovingiennes basses comme des cachots, des retables Espagnols sanglants et rutilants, et bien d’autres fragments de visions qui traversent le regard et la mémoire, m’ont obligé à peindre une suite de toiles sur le thème de la « Rémanence ».
J’avais ce désir depuis longtemps, mais je n’arrivais pas à choisir par où commencer. Finalement, quelques souvenirs rémanents de Palais Vénitiens, ont eu raison de mes hésitations. Comme souvent, au début d’un nouveau thème, j’ai eu besoin de m’y installer, par deux grands formats. Puis les autres se sont présentés à moi sans effort, sans temps mort. Plus d’un an après, j’ai toujours envie d’explorer cette idée de la rémanence, c’est à dire cette idée que des images, des sensations, des souvenirs, nous habitent, qui refonds surface, à la faveur d’événements plus ou moins fortuits .
J’ai à cette occasion, fixé plus fermement les règles que je mettais en pratique depuis quelques années. Ainsi j’ai réduit les moyens mis en œuvre à, une couleur, une technique, un format, le carré de un mètre de côté et ses satellites de cinquante centimètres de côté, un outil de dessin, le fusain, sur la peinture rendue abrasive par l’incorporation de poudre de marbre.
Ce thème se nourrit autant de voyages, de lectures, de rencontres, que des découvertes observées dans les toiles précédentes.
Il est rare que je visite un lieu sans mon matériel photographique. J’ai donc engrangé plusieurs dizaines de milliers de diapositives, et je sais que certaines d’entre elles ont très exactement rapport avec mes toiles. Une fois j’ai voulu vérifier la précision de ma mémoire, mais j’ai vite compris que je me précipitais dans un piège: il ne s’agissait pas d’une reconstitution exacte, mais tout au contraire de l’acceptation des distorsions, des manques, et des ajouts du temps. Il y a là un rapport à l’histoire, à une proximité des êtres et des cultures, à une place accordée à l’imaginaire, qui depuis toujours, hantent mon travail.
Claude Jeanmart
Toulouse le 12 – 2 - 2002